Quand devriez-vous commencer à partager votre patrimoine? Même si de nombreuses personnes décident de léguer leurs actifs par le biais d’un testament ou d’une fiducie, d’autres préfèrent vivre la joie qu’ils apportent de leur vivant. Au cours des dernières années, il est devenu de plus en plus populaire pour les gens d’utiliser une combinaison de dons de leur vivant et de planification successorale pour profiter des avantages qu’offrent ces deux approches tout en protégeant leur propre stabilité financière.
Il n’est pas facile de passer de l’état d’esprit d’un épargnant de toute une vie à celui d’une personne qui distribue intentionnellement son patrimoine. Les habitudes, les modes de vie et les routines qui ont été adoptés et renforcés au fil des décennies ne peuvent pas être changés en un claquement de doigts.
Il existe un phénomène de la finance comportementale appelé effet de dotation, qui incite les gens à accorder plus de valeur aux choses qu’ils possèdent ou à avoir un plus grand attachement émotionnel à celles-ci. Bien que cette tendance soit généralement abordée dans un contexte différent, elle peut se manifester au cours du processus de planification successorale lorsque les gens hésitent à se départir de leurs actifs, même lorsqu’il existe une raison valable de le faire. Selon le Center for Retirement Research du Boston College, la moitié des retraités craignent de dépenser ou de puiser dans leur épargne.1 Cela peut sembler complètement contre nature, même si vous êtes convaincu que c’est la bonne chose à faire. Mais il y a des mesures que vous pouvez prendre pour gérer les aspects émotionnels de cette nouvelle étape de la vie.
Pensez à la satisfaction personnelle
L’un des principaux obstacles auxquels se heurtent de nombreux épargnants à long terme est l’excitation qui accompagne les achats importants. Toutefois, cette tendance naturelle à poursuivre des activités qui nous font plaisir peut en fait jouer en votre faveur si vous prenez le temps d’imaginer comment vos bénéficiaires potentiels pourraient utiliser vos dons de biens, de titres ou d’espèces. Discutez de leur carrière et de leurs aspirations afin de comprendre comment votre don peut les aider à atteindre ces objectifs. Vous pouvez également adopter une approche plus directe si vos relations le justifient. Posez des questions comme « que feriez-vous si vous gagniez la loterie? » ou « quels sont vos objectifs financiers? ». Vous pourriez être surpris d’apprendre que quelqu’un a toujours rêvé de rénover une maison historique, de fréquenter une école culinaire en France, de démarrer une entreprise ou de faire du bénévolat à l’étranger.
Imaginez maintenant à quel point il serait gratifiant de dire aux gens que vous aimez que vous pouvez les aider à réaliser leurs rêves.
À l’opposé, vous pourriez être surpris d’apprendre que cette personne a accumulé une dette importante pour une raison indépendante de sa volonté, comme des frais médicaux. Songez à éponger ces factures et peut-être à payer directement leurs fournisseurs de soins médicaux. Quel serait l’effet de savoir que vous avez fourni l’étincelle financière qui illumine leur avenir?
Dans de nombreux cas, le simple fait d’imaginer la joie que procureront vos cadeaux est suffisant pour commencer à abattre les barrières émotionnelles qui ont été érigées et renforcées tout au long d’une vie d’accumulation de patrimoine. La résistance et l’inquiétude cèdent graduellement place à une nouvelle façon de se sentir utile, à un nouveau sens de la vie.
Sondez le terrain
Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas, comme on dit. Si vous ne l’avez pas déjà fait, pensez à vous offrir quelque chose que vous ne vous permettriez pas en temps normal, qu’il s’agisse d’un objet tangible ou d’une expérience. Il n’est pas nécessaire que ce soit extravagant, mais simplement quelque chose qui brise la glace et commence à ébranler l’état d’esprit de l’épargnant.
La même approche peut également éclairer vos décisions concernant votre plan successoral et, en particulier, la façon dont vous aimeriez rédiger votre testament et vos fiducies. Vous pourriez envisager de faire des dons modestes pour voir comment vos bénéficiaires les utilisent. Par exemple, si vous n’êtes pas certain qu’un membre de la famille utilisera prudemment son héritage pour subvenir à ses besoins ou qu’il le dépensera de façon irréfléchie en une seule fois, vous pourriez lui donner un montant d’essai pour voir comment il réagit. Les actions posées par un bénéficiaire fourniront des renseignements clairs sur les conditions, le cas échéant, que vous voudrez peut-être inclure dans votre testament et dans vos fiducies.
Qu’est-ce qui est équitable?
Les gens sont habituellement plus motivés à élaborer un plan de décaissement lorsqu’il est personnalisé en fonction de leurs valeurs personnelles. Quelle est votre définition de l’équité et de l’égalité? Devriez-vous donner plus à quelqu’un qui a moins de ressources et un plus grand besoin que les autres? L’approche traditionnelle consiste à traiter les enfants et les petits-enfants de la même façon, tant sur le plan des dons que de la planification successorale, peu importe leur situation financière particulière. Cette approche s’explique par le fait que la situation financière change (pour le meilleur ou pour le pire), tout comme les carrières, la santé, l’état matrimonial et les événements importants de la vie.
De plus en plus, toutefois, les gens définissent l’équité et l’égalité en fonction de ce que ces termes signifient pour eux personnellement, dans le contexte de leur propre situation. Par conséquent, il est de plus en plus fréquent que des membres de la famille reçoivent des montants différents. Qu’en est-il du soutien supplémentaire offert à un être cher qui présente une forme d’incapacité? Envisageriez-vous la situation différemment si un enfant avait des moyens très modestes alors qu’un autre vivait un mode de vie relativement luxueux? Est-il plus équitable d’offrir un soutien supplémentaire à l’enfant qui a beaucoup moins de ressources financières ou une situation familiale plus difficile? Est-ce qu’un membre de la famille qui vous fait souvent la navette entre votre domicile et l’épicerie et qui vous assiste lors de vos rendez-vous chez le médecin devrait recevoir quelque chose de plus? La situation de chaque personne est différente. À mesure que les gens adoptent le processus de planification successorale, ils deviennent souvent plus à l’aise avec leur propre interprétation de l’équité et de l’égalité.
Comptez sur les spécialistes
Le partage de votre patrimoine ne devrait pas être une tâche monumentale ou fastidieuse, et le retrait de votre épargne ne devrait pas être « presque physiquement douloureux », comme c’est le cas pour certains retraités, selon David John, conseiller principal en politiques stratégiques au AARP Public Policy Institute.2
La Commission des valeurs mobilières de l’Ontario offre plusieurs suggestions de planification de la retraite qui s’appliquent tout aussi bien au décaissement.3 Tout d’abord, il y a ce que la commission appelle « l’effet d’une longueur d’avance ». Lorsqu’une tâche est commencée et que des progrès sont réalisés, les gens ont l’impression de se rapprocher de leur objectif, ce qui les encourage à continuer et à faire encore plus d’efforts. Ensuite, la commission propose de prendre une série de petites mesures, ce qu’elle appelle « fractionner », pour rendre le processus plus gérable. Autrement dit, sonder le terrain avant de se lancer.
En ce début de transition, assurez-vous de compter fortement sur les conseils et les ressources de professionnels financiers chevronnés. Les personnes qui peinent à changer les approches et les mentalités qui les ont aidées à accumuler du patrimoine au fil des ans trouvent souvent utile de redéfinir le terme « décaissement ». Au lieu de considérer cette étape de votre vie comme un simple moment pour distribuer votre patrimoine, elle peut être vue comme un nouveau chapitre emballant de votre parcours, rempli d’occasions de croissance, de réalisation et de renouvellement de soi.
Lorsque le moment est venu, invitez vos bénéficiaires à se joindre à vous pour une rencontre avec des conseillers financiers qui comprennent bien votre situation financière. Un intermédiaire impartial et professionnel peut guider la conversation, répondre aux questions et aider tout le monde à se sentir plus à l’aise.

Source : AARP, 6 Telltale Signs You Are Too Cheap in Retirement, 24 avril 2023 (en anglais seulement).
1. Half of Retirees Afraid to Use Savings – Center for Retirement Research (bc.edu) (en anglais seulement)
2. A surprisingly hard part of retirement: Spending what you worked so hard to save | CNN Business (en anglais seulement)
3. inv_research_20180727_encouraging-retirement-planning.pdf (osc.ca) (en anglais seulement