Alors que nous nous approchons de la moitié de l'année 2025, les actions canadiennes sont en bien meilleure position que ce que beaucoup avaient prévu.
Malgré tous les bouleversements politiques et économiques qui auraient pu peser lourdement sur les valorisations, les investisseurs se sont tournés vers les marchés canadiens et d'autres marchés non américains en prévision des conséquences nuisibles que les droits de douane devraient infliger à l'économie et aux marchés financiers américains.
Par exemple :
Qu’on soit bien clair, le marché des actions continue de faire face à des défis, et les rendements sont loin d'être une source de jubilation. Au 15 mai, les actions canadiennes avaient pris 4,7 % sur l'année, contre 0,6 % pour le marché américain.2 Mais nous considérons toujours le marché intérieur comme un terrain fertile et séduisant pour des occasions de croissance à long terme dans des portefeuilles diversifiés sur le plan géographique et les catégories d'actifs.
Mauvaise passe à court terme aux É.-U.
La bonne nouvelle est que les investisseurs canadiens semblent avoir surmonté leur anxiété liée à la crise des droits de douane. Nous prévoyons toujours des droits de douane, mais il est peu probable qu'ils soient aussi importants que prévu. Le président Trump est revenu sur certaines de ses menaces les plus extrêmes, notamment un droit de douane général de 25 % sur les produits canadiens, et a modifié sa rhétorique en réaction à la baisse de sa cote de popularité dans son pays et aux incertitudes qu'elle a suscitée sur le marché boursier américain.
En outre, les droits de douane sont suspendus pour les secteurs conformes à l'accord Canada-États-Unis-Mexique (CUSMA). Cet accord commercial protège un large éventail d'exportations dans des catégories telles l'agriculture, l'industrie manufacturière, le commerce numérique et la propriété intellectuelle.
Il semble, du moins pour l'instant, que les droits de douane nuisent beaucoup plus aux consommateurs, aux entreprises et aux investisseurs américains que Trump et beaucoup d'autres ne l'avaient prévu. Ils font grimper les prix de détail et contrecareront encore la mission de la Réserve fédérale, qui est de maintenir l'inflation autour de 2 %. Bien que la Fed ait fait des progrès dans ce domaine, l'inflation américaine demeure obstinément élevée.
Les entreprises américaines ne peuvent pas répercuter tous les coûts liés aux droits de douane sur les consommateurs sans déprimer les ventes, ce qui minera les marges bénéficiaires et pèsera sur la croissance économique. Les droits de douane sur l'aluminium et l'acier importés de Chine pourraient être particulièrement pernicieux — un fait qui, selon nous, est sous-estimé par les investisseurs à l'heure actuelle. Il s'agit là d'observations sur les risques que nous percevons, mais pas nécessairement courues d’avance.
La solidité du secteur financier canadien
Malgré tous les vents contraires qui s'abattent sur le marché boursier américain, il n'y a pas eu de remise à zéro substantielle des valorisations. Les multiples du coefficient de capitalisation des résultats (CCR) sont supérieurs à leurs moyennes à long terme, qu'ils soient mesurés sur la base des 12 derniers mois ou des 12 mois à venir.3 Ils ne reflètent pas le risque très réel d'un ralentissement économique ou d'une récession aux États-Unis.
La valorisation des actions canadiennes, en revanche, correspond à leur moyenne à long terme ou à un niveau proche de celle-ci.4
La forte pondération des valeurs technologiques dans l'indice S&P 500 peut jouer en faveur ou en défaveur du marché boursier américain, comme en témoigne leur récent recul. Les valeurs technologiques ne sont pas très présentes sur le marché canadien, puisqu'elles ne représentent que 9 % de sa valeur et qu'il n'y a qu'un seul concurrent bien connu dans le secteur de la vente au détail en ligne. En revanche, nous disposons de l'un des secteurs financiers les plus solides au monde. Les valeurs financières représentent plus de 30 % du marché, et les banques à elles seules en représentent environ 20 %. Nos banques sont relativement bien provisionnées, bien gérées, rentables et ne sont pas assujetties aux droits de douane car leurs activités sont essentiellement nationales.
Le Canada a également l'avantage d'avoir une banque centrale en mesure de réduire les taux d'intérêt à court terme plus rapidement, de manière plus importante et plus efficace que la Réserve fédérale au cas où l'économie américaine s'essoufflerait ou entrerait en récession. L'inflation américaine a ralenti, mais n'a pas baissé au même rythme que chez nous. Si les États-Unis entraient en récession, le Canada en ressentirait certainement les effets. Mais la Banque du Canada est bien mieux placée que la Fed pour réduire ses taux, afin de stimuler l'économie.
Enfin, les incertitudes politiques se sont atténuées maintenant que les élections sont derrière nous. Ottawa peut envisager de stimuler l'économie par une politique budgétaire ciblée. Et il semble que les Canadiens se soient quelque peu ralliés à notre désir de ne plus dépendre des États-Unis comme partenaire commercial, de trouver d'autres marchés pour nos exportations à long terme et de réduire les barrières commerciales interprovinciales (différentes conditions en matière de permis, de normes de fabrication, etc.) qui ont été un véritable obstacle à la croissance économique dans ce pays.
Trouver le bon équilibre entre risques et bénéfices
Vous vous demandez peut-être : si la situation aux États-Unis est si désastreuse, pourquoi conservons-nous une exposition considérable aux actions américaines?
La réponse est que, malgré tout ce qui se passe, les chiffres réels sur l'économie américaine sont encore relativement solides. Le PIB et les bénéfices des entreprises continuent de croître, bien qu'à un rythme plus lent. Il est donc tout à fait possible que les É.-U. sortent de cette tempête tarifaire sans subir de graves dommages structurels.
N'oublions pas non plus que même si l'économie et les marchés financiers vont de pair, il s'agit de deux forces totalement distinctes. Le marché se tourne toujours vers l'avenir, et si nous avons atteint « l’apogée de risque commercial », les investisseurs s’efforceront de trouver l’occasion de revenir sur le marché des actions américaines.
Notre objectif fondamental est d'obtenir des rendements séduisants, tout en conservant un niveau prudent d'exposition au risque dans nos portefeuilles. Nous disposons d'une méthodolgie de placement dynamique en ce qui concerne la répartition de l'actif et, à mesure que la situation du marché s'améliore, nous avons la possibilité d'affiner cette répartition.
Personne ne peut prédire l'avenir. Mais nous pouvons affirmer avec un certain degré de certitude que le pouvoir fondamental de la diversification continuera à bien nous servir.
1. Financial Post, Les gestionnaires de portefeuille considèrent le TSX comme un gagnant à long terme, le 23 avril 2025.
2. Indices S&P Dow Jones, 14 mai 2025.
3. Guru Focus, tableaux S&P 500, 14 mai 2025.
4. SimplyWallSt.com, Valorisation et résultats du marché, 15 mai 2025